OdJ La Ciotat

En 1862, les Messieurs, qu’encourageait Mgr Cruise, évêque de Marseille, proposèrent de rechercher l’opportunité d’ouvrir une succursale à La Ciotat ; le curé y était favorable et, nous dit M. de Barbarin, Monsieur de l’Œuvre qui écrivit l’histoire des premières années de l’Œuvre de la Ciotat, « on s’aperçut que les principaux habitants du pays étaient flattés que des Messieurs de Marseille, encouragés par leur évêque, viennent s’occuper de la jeunesse de la ville »…« On alla voir, continue-t-il, une assez grande propriété rurale située assez près du mur d’enceinte et d’une superficie de 23 000 m². La propriétaire, Mme Hiver, en accepta la vente qui fut conclue le 10 octobre 1862. En fait, le terrain était trop grand pour nos besoins… Non seulement il fallait penser à revendre une partie du terrain, mais de plus il était nécessaire d’aménager une voie d’accès pour rendre l’Œuvre moins isolée. Il fallait également créer des rues et les faire remblayer peu à peu car le sol était très bas… Tout cela prit beaucoup de temps et, il faut bien le dire, nous créa des préoccupations en rapport très indirect avec notre apostolat. Heureusement, la bienveillance du Maire et de la Cie des Messageries impériales1 aplanit bien des difficultés ». Malgré l’implantation projetée d’un cimetière à proximité, le préfet2 donna, par arrêté du 26 octobre 1863, l’autorisation de diviser et de construire. Le projet de lotissement avait été établi par l’architecte Bérengier, 37 cours Devilliers3 à Marseille. Il comprenait, outre la parcelle que se réservait l’Œuvre, une soixantaine de lots de terrain que reliaient six rues : rue de l’abbé Allemand, rue Saint-Patrice, rue de la Jeunesse, rue Chabaud, rue Brunet, rue Bruchon. Les bâtiments de l’Œuvre, spacieux, comprenant chapelle, salles de jeux et logements, furent édifiés sur les plans de l’architecte Berengier. Les vitraux de la chapelle sont dus au renommé maître verrier Didron, dont on peut voir les œuvres dans des églises telles que Saint Germain l’Auxerrois à Paris ou celle des Réformés à Marseille.L’Œuvre ouvrit le 13 mars 1864 ; elle y fut installée par l’abbé Vitagliano, vicaire général de Mgr Cruise. Trois Messieurs, Messieurs Olivieri, Héraud et Emy, affectés à l’Œuvre de La Ciotat, venaient régulièrement depuis Marseille pour l’animer. À la différence de ce qui s’était produit pour les Œuvres de Cassis et de Roquevaire, l’Œuvre rouvrit après la guerre franco-prussienne de 1870 et elle continua d’être fréquentée par la jeunesse de La Ciotat. Un de ses membres, Louis Maurin, devint prêtre, puis évêque et cardinal archevêque de Lyon.

Les archives nous révèlent que pendant cette période, la Communauté des Messieurs accorda un soin particulier au respect du cahier des charges du lotissement qui excluait toute activité susceptible de porter atteinte aux bonnes mœurs ; elle intenta un procès (qu’elle gagna) à un de ses acquéreurs qui louait le local qu’il avait construit, 15 rue de l’abbé Allemand, à un sieur Pietro Sperati. Celui-ci avait installé un débit de boissons en exerçant officiellement la profession de restaurateur4.

En 1898, l’Œuvre changea… d’adresse ; en effet, par délibération du 1er septembre 1898, la commune décida que les noms des rues, qui avaient été incorporées dans la voirie communale, seraient modifiés en précisant qu’il y avait lieu « de donner une dénomination plus conforme à l’intérêt public (sic) » ; le nom de Michelet remplaça celui de l’abbé Allemand et la rue Saint-Patrice (qui était le prénom de Mgr Cruise) devint la rue Pasteur.

Après la guerre de 14-18, il apparut que la charge de l’animation devenait lourde pour la Communauté des Messieurs qui gérait par ailleurs à Marseille l’Œuvre du boulevard Tellène et celle des Iris, rue du Cdt Rolland. Au soir de l’Épiphanie 1925, les Messieurs quittèrent la maison de La Ciotat, la confiant à la paroisse. Le 1er décembre 1932, la Communauté céda l’immeuble au diocèse en laissant à la disposition de la paroisse tout ce qui se trouvait dans les locaux (objets de la chapelle, ornements, meubles, etc.). La paroisse poursuivit la tâche que s’était assignée l’Œuvre. Une section de la JOC5 s’installa dans les locaux en 1928 et en 1929 l’association sportive « La Vaillante » y fut créée. Dès l’été 1937, elle organisa une première colonie de vacances, puis elle donna naissance à un mouvement Cœurs Vaillants6 en 1938 et à un groupe scout, en 1950. La paroisse continua d’animer l’Œuvre jusqu’en 1970, date à laquelle, elle la confia à l’association La Vaillante.

12 mars 1989, La Vaillante et la paroisse célébrèrent le 125e anniversaire de la fondation de l’Œuvre. Des représentants de la Communauté des Messieurs et des anciens de l’Œuvre de St-Sa y assistaient. Les locaux accueillent actuellement les rassemblements paroissiaux, des groupes de jeunes, un centre de préparation au mariage, mais aussi le patronage Notre-Dame de l’Œuvre qui a ouvert ses portes en 2016…

On peut découvrir le bâtiment à l’adresse suivante : 19 Bd Michelet, La Ciotat et demander à visiter la chapelle. On remarquera que le buste de Jean-Joseph Allemand a conservé sa place au sommet de la façade principale.